Catégories
Essays Litterature

La Matrice – Par Alizée Pichot

Il y a des jours comme ça ou l’on saigne comme pour la première fois. Ou les crampes nous prennent, nous dévorent, nous mettent k.o et il faut faire avec nos corps qui nous trahissent. Nous trahissent-ils vraiment ? Ou est-ce nous, dans nos existences actives aux mille objectifs, aux mille obstacles, qui enfermons nos règles dans le spectre du caché, du vice, du sang du sale ? Ce sang qui coule et ce ventre qui se déchire, c’est quotidien, c’est antémillénaire, avant notre ère, avant le moderne, avant les codes, avant les normes, le sang c’est le signe d’une vie possible à l’intérieur de nous.

Ce que vivent les femmes dans leurs intimités appartient à elles seules mais aussi à l’ensemble de l’humanité.  Il faut respecter nos corps, nos histoires, nos douleurs et nos incapacités. Certaines femmes ne saignent pas, d’autres pas assez, d’autres en retard, d’autres ne saignent plus car le cœur et leurs émotions sont bloqués, d’autres saignent tellement qu’elles ne peuvent plus bouger, d’autres ont décidé d’arrêter leur flux, d’autres de le contrôler, d’autres de le mépriser, moi, j’ai décidé de l’aimer, hier, même si c’était dur.

Saigner comme on chante un cantique. Saigner comme on jouit, fort, rouge, mouillé. Saigner comme on peint dans l’ignorance du jour et de la nuit, pour s’amuser comme ça, parce que c’est ainsi. Saigner comme on aime, à s’en déchirer le ventre et le cœur. Saigner comme on danse, dans la détresse et dans la joie. Saigner comme on peut, mais saigner parce qu’on est femme, sous la force d’autrui : NON.

Le sang qui coule de nos corps doit être celui de la matrice qui s’éveille, qui fait son travail et qui nous aide à continuer un chemin de femme, d’être, en toute possession de nos moyens. Nos corps, nos sexes, nos ventres nous appartiennent, femme, mère, fille, personne pour nous forcer et ceux qui tentent, sur leur ligne de front de nous annihiler verrons sur leurs murs  le sang de  nos règles tapisser leurs cauchemars d’une haine sans colère, d’une haine normale, saine, femme, une haine qui leur dit : vous n’avez pas le droit.

Je suis femme, je saigne et j’ai mal mais je n’ai pas honte, je m’aime ainsi et j’espère que vous aussi.

 

A.P

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s