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« L’amour de nous-mêmes » de Erika Nomeni, un premier roman à la hauteur de l’Autrice

Erika Nomeni est une artiste et autrice multidisciplinaire dansant autour du rap et de la littérature depuis plus de dix ans. D’abord installée en région parisienne a traversé le début de sa vie d’adulte parmi des groupes engagés pour une lutte antiraciste des droits de toustes et des personnes LGBTQia+. Cette étoile originaire du Cameroun développe maintenant ses talents à Marseille, et ce, sous plusieurs formes dans la musique, les mots et l’amour de son prochain. Cette année, la fondatrice du festival de musique et culture queer Umoja sort son premier roman « L’amour de nous-même » aux Editions Hors d’Atteinte et signe le récit poignant d’Aloé, une héroïne puissante cheminant sur la route tortueuse de l’amour et de l’amitié avec au cœur l’envie et le besoin viscéral de prendre soin de soin de soi. L’amour de soi est une prérogative majeure pour cette héroïne lesbienne, noire et en surpoids qui nous livre ses sentiments et ses réflexions politiques aux fils de lettres envoyées à une amie.

Ce roman autofictionnel se boucle par une réponse de cette amie comme une grande ouverture sur l’amitié.
Ce roman achève de placer Erika Nomeni sur la carte des autrices à suivre de près, son livre étant une pépite de plus dans la grande bibliothèque des romans LGBTQIA+ à lire pour se souvenir que les limites doivent être placées, que les envies doivent être exprimées, que nous avons droit au bonheur et à la possibilité d’être chéri.e et accompagné.e par des personnes qui nous voient tels que nous sommes sans amenuiser notre valeur, notre parole et notre corps. Retrouvez dans cette courte interview la force de la parole bien placée d’Erika Nomeni qui évolue déjà dans le monde de la littérature comme une grande, maniant les mots du livre comme elle manie les mots du rap avec précision, chaleur et puissance révélatrice.

Ici vous trouverez le lien pour vous procurer le livre d’Erika Nomeni, a lire avec un thé ou un café sous le soleil d’une terrasse (marseillaise de préférence)




En janvier dernier tu as sorti ton premièr Roman, « L’amour de nous mêmes », comment t »es venue l’idée de l’écrire et comment s’est passé le processus d’écriture ?
Le vendredi 3 février sortait mon livre, l’idée m’est venue d’écrire sur l’amour car pour moi l’amour est central. Mon processus d’écriture était très simple. Je me suis posée et j’ai écrit.

« L’amour de nous mêmes  » est une ode à l’estime de soi pour les femmes noires, lesbienne et en surpoids qui subissent parfois les jugements et attitudes des autres femmes blanches, qu’à tu envie de dire a des femmes comme toi dans le chemin vers elle-mêmes?
L’amour de nous même est une ôde à l’estime de soi pour toutes celles et ceux qui se trouvent à la marge. Ce que j’ai envie de dire aux personnes qui s’identifient au personnage d’Aloe c’est qu’iEls ont déjà fait un premier pas en achetant ce livre. Il faut juste continuer de croire en soi.

Aloé est une héroïne nécessaire au paysage littéraire français, c’est une figure maintenant imposée, parmi d’autres personnages écrits par des femmes noires ou personnes non-binaires noires en France. En fait ,Aloé se rapproche d’héroïnes que j’ai pu rencontré dans la littérature américaine, nigerianne ou encore britannique. En avais tu conscience et quel.les sont tes guides en littérature?
J’avais conscience qu’il y avait un manque, j’ai écrit ce livre en me disant que j’aimerais que les personnes comme moi soient représentées. Il y a une autrice nigérienne qui m’a beaucoup parlé depuis quelques années c’est Chinelo Okparanta avec Sous les branches de l’udala, mais il y en a d’autres comme Audre Lordre, ou encore Octavia Buttler.

Tu es rappeuse aussi, je me demandais si tu as continué d’en écrire pendant l’écriture du roman et comment ces deux formes se sont rencontrées?
Oui j’ai continué à composer des titres. Je me dis que si je ne rappais pas mon style d’écriture serait probablement différent. J’écris comme je rappe c’est important pour moi d’aller droit au but, que ce soit authentique.

Dans ton livre du parles du black love et tu challenge l’idée qu’il représente les personnes noires en relation avec d’autres personnes noires, pour toi il est cela mais aussi l’amour de soi, en tant que personne noire, pour toi lesbienne et en surpoids. Comment envisages tu le Futur en amour maintenant que tu as fait tout ce chemin ?
La société n’a toujours pas changé, même si j’ai beaucoup bougé entre temps, parfois j’ai l’impression de faire des retours en arrière mais comme m’a dit une fois une amie « tu prends juste de l’élan pour mieux rebondir. »

« Des meufs comme moi sont des ovnis et tout le monde me le montre sans cesse. J’absorbe toutes les violences quotidiennes, j’encaisse les petits regards, les incompréhensions. Je prends sur moi. J’avale. La frustration s’amasse et quand c’est trop, tout ressort d’un coup et sans crier gare. Je suis incapable de dire stop parce que, paradoxalement, je sais qu’on attend de moi que j’accepte tout, que j’encaisse tout, et que je dise merci d’être arrivée jusque-là. » Erika Nomeni, « L’amour de nous-mêmes », 2023



Dans ton livre tu critiques ferment les attitudes racistes et negrophobes des féministes blanches dans les milieux queer (marseillais et parisien confondus) et je te soutiens à 100% dans cette démarche. Les milieux militants en général sont gangrennés par ces attitudes toxiques, dangereuses et complice du cistem que nous dénonçons. beaucoup ignorent ou ferment les yeux sur le colorisme et renforcent des mécanismes qui poussent les personnes noires et dark skin aux marges. Qu’as tu envie de dire à tes aldelphes qui subissent ces paroles et ces actes (dans les relations amoureuses aussi, entre personnes racisées et blanches).
Je n’ai pas vraiment de conseils on est toustes différentes mais si je devais dire quelque chose c’est de s’écouter et juste ça parfois c’est compliqué. Et une dernière chose avoir de l’amour et de l’indulgence envers soi même.

Au fond, tu es profondement multidisciplinaire et ton roman donne suite à l’ensemble de ton parcours. Quelle est la suite, où pouvons nous t’attendre ?
Au succès, j’espère dans mes futurs projets merci encore pour l’ITW.

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