La tombe brute est brutale de vérité
Aux baisers de sel sur les tombes d’Agnès Varda
Et Jacques Demy.
Sous la terre,
Les corps enterrés
Les vers qui nous mangent
Pendant que nous planons,
Les livres,
Et les images,
Les corps innocents posés sur les photos,
Une ligne droite, enfermer la pierre tombale
Sur laquelle je lis
« Agnès Varda et Jacques Demy ».
Leurs noms sont comme des sonates
Sur ma langue apaisée,
Sur mon âme déposée
Leurs noms comme des mirages dans mon esprit
Venteux
La pierre tombale,
Décorée de fleurs bleues
Ose se soumettre à mon regard certain,
Je trébuche, jusqu’au banc,
Doucement je m’enclume, l’arrière colé au banc,
Que je répète allégrement comme un gimmick
Dans un sein blanc –
J’ai retracé les lignes, mais j’ai gagné le temps de parler aux feuilles
En face les tombes heureuses, en face les tombes sérieuses,
Celles qui cachent les portes du bien et du mal,
Les croix pas si timides qui éclabousse d’une orée grise tout le monde autour
Autour, ce sont des disciples, des âmes sœurs,
La tombe du chat pareille à une étape dans une quête,
Une aventure de vie et de voir,
De vie et de mort
D’amour et de chasse à la fleur qui parfume,
Une femme qui filme, l’homme aussi,
La femme rit, l’homme lui répond –
Cessons ces catégories binaires, ainsi soit-il nous sommes un
Dans les cases les valises
Des millions de photo,
Des pellicules brulées gardées parce qu’on les aime,
De l’art
Sur la tombe de Jacques Demy et Agnès Varda
Des baisers rouges et rosés recouvrent le granit
Sur la tombe des cinéates que j’admire,
Je verse une larme et je laisse un carnet
Comme face à la porte de Rodin
Je paralyse, comme qui dirait mes sens
Des fumées vertes et bleues audience,
Cachée sous des poèmes d’or
Les mots servent à dire
Ce qui est et ce qui n’est pas
Mais ce qui reste et qui fut
Papillons noirs aux perles idoines
Le cinéma me prend la main,
Je vais en lui au travers de ces tombes
Visions installées confortablement
A l’automne aussi je m’y reviens
Je touche le sol et la terre et les pierres
Soyons honnête,
Iels ne meurent pas,
Leur âme est immense, tout au milieu de moi.
Louie Z. Marat