Poetry
Je me souviens de la douleur dans mes pieds,
du froid.
Je me souviens des étapes qui m’ont rapproché de la mort ça oui, je m’en souviens,
Je me souviens de ces « je me souviens » qui me hantent
de ces mots écrits tard la nuit entourée des fumées
Je me souviens de mon corps chancelant sur les routes
de la nuit et l’épave de ton corps qui monte la colline et des rêves
qui sont des cauchemars.
La poésie est la seule route à prendre
véritablement libérée des doutes
ma prose s’enquiert du monde et mes poèmes parlent de ma peau,
De mes articulations abimées
Je m’en remettrais me dit mon cœur,
Tu n’oublieras jamais me dit mon corps
Et je continue ;
A remplir la page
Je pourrais parler de la violence pure mais je n’en peux plus
Je n’en peux plus de tournersur la ligne du grand cercle que j’ai dessiné sur le sable,
Je cherche la solitude et je la fuis
Je ne peux plus aimer comme avant,
Je peux aimer,
Simplement, ceux et celles qui n’ont pas peur de moi.
J’ai perdu mes majuscules
J’ai perdu mes trémas
J’ai gagné en tremblements les mémoires sanguinaires de la violence des hommes, les femmes se taisent,
Je ne serais jamais la même car désormais je connais la folie,
Je connais les yeux qui roulent dans les orbites
Les gestes qui s’agitent, les grandes étendues d’eau dans lesquelles se noyer Conjuguer le printemps à toutes les saisons
Je ne veux pas me souvenir de toi
Car tu me quitteras encor et nos mots envolés partiront loin dans les airs toucher des cieux bien connus,
Je me souviens de tout
Mais pas du sang.
Je me souviens de mon bras qui casse la vitre de la voiture,
De la peur
De la marche
Des heures entières à chercher logis,
A chercher dans un regard quelque chose de doux
Une morceau de bitume pour m’endormir quelques minutes
Un lit pour mourir
Des paroles pour panser ce qui restera béant encore longtemps surement
Des espaces possibles
Encore ce mot,
mourir, respirer, mourir, respirer.
Tatouages de la douleur.
Je me souviens de l’urine qui coule le long de ma jambe
De l’odeur de la mort
Si proche
Si terrible
Si honteuse de vouloir prendre si jeune une femme que le monde veut voir vivre
Ce sont les restes qui demeurent,
Les petits cailloux coincés sur la plante des pieds et la lune en orbite pour me guider.
Je me souviens du mépris dans le regard des gens,
Des espaces inédits pour comprendre demain
Des chemins à prendre pour avancer sans oublier
Des mots ;
Des silences
Des cris dans le noir – cliché de celle qui dit
Les cris ont déchiré l’air
Les cris n’ont rien déchiré sauf ma peau,
Peut-être
Ma peau.