Un carré de lumière sur le mur
Une poignée de main qui se traine
Sur une photographie illuminée
De toi
Les contours de ton corps apparaissent
Ton visage a disparu
Une luciole transperce l’air
C’est un poème qui a vécu
Ce sont des paysages au travers de la vitre
Du train
Des champs depuis le hublot
D’un Montréal-Bordeaux
Les restes d’une histoire
En perles sur ma peau
Je te transpire ce soir
House- musique et move retro
Je suis en avance sur mon temps
Je n’écris plus qu’en vagues souvenirs
Des poésies qui te ressemblent
Elles aiment le silence et la mer
Une page qui se tourne
Un chapitre s’écrivant
Alors que je danse seule
Face au miroir carré blanc
Je me retourne
Tu n’es plus là
Il y a les réveil tôt
Et les couchers,
Qui ne viennent pas
Sans la petite pilule blanche
Je ferme la vitre,
Pour couper le vent
Sentir le chaud sur mon ventre
Je brule de t’avoir dit
Au revoir mon poème
—
Au cœur des fruits murs
Je lèche mon âme
Je sens la pulpe fraîche
Sur ma langue
Mes doigts plein de sucre
Juste en dessous des contre-temps,
L’odeur de ma chatte humide
Cet été enfermée,
Un viol dans une douche
Le goût des fruits murs
Mélasse industrielle
Le beau et le moche en même temps
Ma poésie s’accuse
De bien vouloir
Tout transformer.
—
Viens boire le sel sur mes joues
Disais-je à mon amant céleste
Viens recueillir sur mes joues
Les dizaines de vers que j’ai posé
Pour toi
Il y a longtemps que tu existes en moi
Longtemps que je danse pour te séduire
Viens rejoindre en moi les nuages en feu
Sur lesquels je fais des prières aux Dieux
Pour toi
Je secoue mes mèches de cheveux
Dorés par le soleil de l’ouest
Le sud est notre, d’un côté et de l’autre
De la mer ton sable et mes pins
L’odeur des olives et celle du romarin
Pour toi
Mon rythme s’est échappé
Il revient soudain, ici
Réanimé,
sans rien dire il s’approche
et vient dans mon poème,
timide voix du destin
elle s’approche elle aussi
Pour moi
Pour me dire les mots de l’amour
Du miel incertain
Des morceaux de bois flottant sur les rives immenses de mon Atlantique
Aimée
Je suis libre
Pour toi,
Dans et hors du poème.
—
Une bague perdue
sur le doigt d’un guerrier
un regards en biais
gestes précipités
une danse
à peine entamée
des prières paiennes
des mots déchirant l’espace
je ne sais plus qui croire
de mon âme ou mon ego
des petits pas dans le sable
grandes enjambées sur une piste métallique
chuchotements emplis d’émoi
une bague perdue
sur le doigt d’un guerrier
un pardon dans les yeux
une reine, un roi
des actes de violence crue
je ne l’oublierais pas
ni ma folie
ni la sienne
une bague perdue
un chemin vers la joie
dessiné nu
au coeur de mes bras
seule,
sans ma bague
je grandis
seule,
sans les voiles,
je me meus
vers les immenses portes
d’une autre vie
la main entre les cuisses
une autre vie,
un autre cri,
ma main qui résout
en quelques instants
l’histoire d’un viol
unique
placide
froid,
voulu.
—
je marche seule
dans les rues de la vie
le coeur battant
contre un mur,
soignée de mes naufrages
j’évite les chutes
je perds le contrôle
je me noie dans une vie dans un monde plus gros que moi
soupir
à l’envers je vois les choses
dans le sablier je coule
immergée
soutenue
protégée
enrichie
nourrie,
inspirée
il n’y a plus de secrets dans ma poésie
mais un pudeur nouvelle
des formes contours
photographie argentique floue
tu es un homme d’un autre temps
je te reconnais,
nourrir,
aimée,
protégée je soupir à l’endroit la peau collée sur un velours bleu
c’est ma nuit qui m’appelle et avec elle le retour des rêves
le repos
la soif et la faim
des virages
à n’en plus finir,
des mirages
à tous les coins de ru,
le poème sert un espoir aussi grand que la peur mon ange
tu n’a jamais été un fantôme
et je n’erre plus inquiète
je marche seule,
fière et calme
l’impossible n’existe plus
dans mes fumées s’installent
doucement
mes fumées s’installent,
doucement.
Alizée Pichot