Photographie : Kezna Dalz ppar Marie-Maxime Carle – Montréal, 2020.
Jeune artiste de la relève Québécoise et montréalaise, Kezna Dalz est une pépite de sensibilité qu’il faut découvrir dans toute sa richesse. Connue aussi sous le nom de Teenadult, elle cherche dans sa peinture, dans ses illustrations digitales ou plus traditionnelles à toucher les coeurs par l’image. Elle dévoile nos sensibilités cachées derrières des masques, révèle et des visages et des formes sans couches superficielles. Un travail profond, humain, assurément sincère.
Kezna Dalz oeuvre un néo-expressionnisme pop dont les messages sont on ne peut plus clairs : l’amour moderne complexifie les relations des êtres ensemble et avec eux-mêmes. Ses représentations s’attachent majoritairement aux femmes noires dans leurs intimités, dans leurs dialogues solitaires et amoureux, sociaux et politiques. Son travail s’adresse à toustes, sans distinction, dans la conscience d’un collectif humain qui ne peut fonctionner dans la division.
Cette peintre, depuis quatre ans qu’elle se dédie à son art, entame une route vers la déconstruction des normes et des idées qui lui est véritablement propre. Un regard, qui se développe selon sa perspective. Elle explore des médiums et des techniques qui laissent espérer des couleurs et des approches changeantes, selon le respect de sa propre liberté, tout comme celle des autres.
Si vous habitez Montréal et le shop de l’artiste Pony sur la fameuse rue Saint-Hubert, vous avez certainement déjà vu rencontré Kezna qui travaille dans la boutique de Pony depuis plusieurs années. Leur lien n’est pas un hasard, les deux artistes partagent une proximité artistique mais aussi un attrait significatif sur les thèmes de la santé mentale et de l’amour de soi. Dans leurs univers respectifs les messages visant à nous rappeler que nous sommes vulnérables et que c’est bien cela qui fait notre force reviennent souvent. Une collaboration à suivre de très près.
Pour l’instant et peut-être pour l’avenir, la maturité artistique de Kezna Dalz semble née d’une conscience et d’une perceptivité que la peinture et la spontanéité viennent nourrir et pousser vers un dépassement des limites.

Queer, femme, personnalité sensible, Kezna Dalz nous guide, une oeuvre à la fois dans son monde d’émotions et de couleurs pastels, pas si douces, pas si gentilles, pleines d’une force et d’une rage de vivre, éminemment créatrice.
«Même si c’est important de se remettre en question, je pense qu’il faut vraiment se faire confiance artistiquement pour garder ton authenticité.»
Kezna Dalz pour le Peach X Proust #5
De clin d’oeil en clin d’oeil à un monde en changement constant, cette peintre et illustratrice travaille aux côtés d’autres jeunes artistes du collectif montréalais Aussenwelt : rassemblement de cerveaux allumés aux ambitions encore secrètes mais sans doute retentissantes. D’ailleurs, c’est avec ce groupe/collectif/lieu d’idéation que Kezna développe – aussi – son travail.
Le 11 janvier 2020 dans les locaux du collectif (l’espace est aujourd’hui redevenu une grande salle blanche, le collectif ayant quitté les lieux), au-dessus de l’ancien bar le Divan Orange, ancien spot de la musique indé montréalaise. Dans la nuit froide de janvier, une cohorte d’artistes talentueux s’est rassemblée pour dévoiler des œuvres qui nous parlent d’aujourd’hui et de nos pensées. Une vision jeune, qui cherche à s’affranchir des codes et des règles tout en insistant – pour la plupart – sur l’excellence nécessaire au succès.
Les soirées Aussenwelt, le concept même, est né de l’idée de Morgan, un entrepreneur passionné d’art et ami des artiste qui a lancé en grande pompe son projet l’année dernière. Les soirées Aussenwelt, aussi, sont des soirées queer, qui mélangent les langues, les styles, les genres. C’est pas vraiment snob, un peu weird, néons bleus verts rouges, ça bouge, la musique tremble et on transpire. Aussenwelt, c’est un esprit, un flair, une idée, parfois sensible de l’indépendance artistique. Il règne dans ces moments dans l’air une curiosité palpable, des gestes qui indiquent l’échange et la lumière qui pétille un peu partout. Kezna Dalz, parmi les artistes du collectif, est pour moi une des artistes les prometteuses parmi une garnison de talents qui, je crois, sont des êtres de renouvellement – du moins, je l’espère.
En avril 2020, un autre accomplissement de taille pour Kezna Dalz qui signe la couverture du livre « Dear Black Girls » écrit par Shanice Nicole.
Sa création exprime la volonté de représenter la joie, la diversité de ce que peut être une petite fille noire, aujourd’hui et depuis tout les temps. Kezna, comme Shanice et bien d’autres artistes noir.es du monde entier prennent le parti de produire ensemble, pour leurs communautés, aussi riches et multiples soient-elles, pour répondre des manques. Encourager ces artistes c’est s’encourager soi-même en tant qu’humain à sortir des cloisonnements de la littérature, de l’art visuel qui demeure encore trop souvent dominé par le complexe industrialo-patriarcal dont les décisions de distribution et de diffusion mettent à l’écart toutes les personnes non-blanches. Ce livre est un manifeste d’amour que les couleurs de Kezna Dalz viennent éclairer d’un vent d’amour en fusion avec une vague d’espoir pour le monde du futur.
Ps : vous pouvez vous procurez le livre à la Librairie Racines de Montréal (Montréal-Nord).
LIRE : Entretien avec Gabriella Kinté, fondatrice de la librairie Racines
Fière de son identité de femme queer et de ses origines haïtienne, Kezna porte fièrement ses drapeaux, dans sa vie et à travers son art.
Antiraciste et anticloisonnement des pensées de l’Art et des militances, la voix de Kezna portera, elle porte déjà et embarque avec elle du monde, à ceux et celles qui ne savaient pas comment parler, elles leur dit « RESISTE » – « SOIS FORT.E – NE TE TAIS PAS FACE AUX VIOLENCES » .
À l’aube d’un soulèvement mondial qui s’est trouvé enclenché par la diffusion massive des images tragiques du meutre de Georges Floyd par la police américaine, Kezna réagit, à l’instar de nombreuses personnes afro-descendantes et issues de la diaspora africaine et caribéenne de Montréal. Kezna dans ses oeuvres, dans sa parole et les paroles qu’elle distribue en choisissant de nous parler des émotions, participe à éduquer le collectif sur une histoire qui fait mal et que nous ne pouvons continuer d’ignorer, en tant que société.
Kezna conte une histoire de la rencontre entre les cultures qui ne peut que vivre puissamment dans toute sa splendeur. J’admire cette artiste en tant qu’humaine, une âme et une sensibilité qui m’ont touché dès que je l’ai rencontré. Son art parle, crie avec une douceur que je souhaite voir partout, distribuée et mise en valeur pour sa profondeur et sa candeur engagée.
Le 6 février dernier à Montréal, sur la scène de La Poubelle Magnifique rue Crescent lors de la Pulp Party, soirée poésie/musique/performance organisée par Peach Journal & Co, Kezna était là, une fois de plus, pour présenter au public son pinceau en direct. Son âme timide et son sourire-soleil, ses couleurs et la chaleur de sa voix étaient là pour nous rappeler que la peinture est aussi un art du corps, un art de l’incarnation d’un être à travers ses émotions qu’elle nous partage en peinture.
L’année précédente, j’avais acceuilli Kezna chez moi pour un interview de vive voix. Cette femme est une artiste profondément engagée pour les femmes pour les personnes queer mais aussi pour l’émancipation des paroles globales. Cette voix, ces mots, cette lenteur à détacher les syllables qui s’emballent parfois sous des élans d’enthousiasme sont le signe d’une grande maturité qui se loge à l’intersection entre l’expérience et le vécu. Je vous encourage à suivre le travail de Kezna, à la supporter, à lui manifester votre love et votre réception de ses oeuvres.