Simone Weil est une philosophe, écrivaine, essayiste et professeure née à Paris en 1909 et décédée en Angleterre en 1943 à l’âge de 44 ans.
Une femme écrivante, vivante, engagée.
La semaine dernière une amie m’a parlé d’elle, je n’en revenais pas de ne pas la connaître. Alors, j’ai cherché et j’ai trouvé. Ce matin, je suis allée à la bibliothèque et j’ai emprunté son livre « Note sur la suppression générale des partis politiques » publié originellement dans une revue en 1940. Je l’ai lu dans la foulée et je ne pouvais garder pour moi cette lecture, cette découverte et ce sentiment de reconnaissance naissant du tout.
En moins de 7000 mots, à l’aube d’une guerre qui, nous le savons maintenant a tué des millions, traumatisé des générations entières et laissé des cicatrices sur nos pays et sur nos cœurs, Simone Weil écrit d’une plume assurée et brillante un argumentaire solide en faveur d’une déconstruction totale de l’idéologie partisane républicaine. Elle parle de la France, elle soutient des combats, elle parle d’humanité et d’esprit comme peu de philosophes engagés ont pu le faire.
De sa sensibilité et de son sens de l’observation elle fait une force redoutable face aux puissances montantes du fascisme. Elle nous montre comme l’idée même d’adhérer à un parti fait de nous des êtres toujours pensants certes, mais aliénés par l’obéissance et la « ligne de conduite ». Elle fait référence au fameux contrat social de Rousseau et aux manières dont les démocraties maîtrisées par les élites instrumentalisent même les idées les plus lumineuses. Elle nous parle de la jeunesse, libre et nécessiteuse d’être écoutée vraiment et non prise pour acquise.
Elle écrit sur la nécessité de la raison dans les mouvements sociaux collectifs tout en nous mettant en garde sur les passions du peuple qui résultent souvent à une reprise de force des partis institutionnels, à la réappropriation du pouvoir par des cliques, corrompues.
Moi-même, en lisant ses mots et en écrivant ceux-ci, je comprends mieux et je suis plus que jamais déterminée à tenter de réfléchir à mon tour et par moi-même aux moyens dont nous disposons et aux outils que nous nous devons d’inventer pour échapper encore à la servitude volontaire, imaginer des astuces et idées petites mais malignes pour faire vriller les mécanismes du pouvoir afin que nos sociétés soient réellement égalitaires, que les chances, les opportunités et les ressources soient équitablement distribuées, que l’humanité passe avant le capital et que l’individu existe entièrement libre et reconnu parmi un ensemble vivant.
D’autres d’iront utopie et je leur réponds oui, pourquoi pas. Pourquoi ne pas rêver, éveiller, à ce que les choses s’améliorent. Et si cela veut dire rester en dehors (ou tenter de s’y extirper) d’un système politique arbitraire, discriminatoire et capitaliste jusqu’à la moelle, je le ferai.
Si les femmes comme Simone Weil sont encore inconnues, alors sortons les livres des étagères poussiéreuses, faisons parler ces femmes invisibles dont la puissance de réflexion rassemblée dépasserai de loin le status quo. Réfléchissons ensemble, parlons, agissons !
Merci Simone !
Ps : le texte est accessible en pdf gratuitement sur internet et le livre à la BanQ de Montréal.
Alizée Pichot