Illustration par Alice Demée
Ces derniers temps, je pense beaucoup à cela, à ces rencontres multiples peuplant mon quotidien, des femmes et des esprits magiques que je rencontre au gré de mes mouvements, suivant le fluide de mes curiosités et les vagues de la vie, qui nous bringuebalent autant qu’elles nous mènent là ou nous souhaitons aller.
Dans ma tête, les visages et les voix de ces femmes ont une place de choix. Chaque jour, je parle ou je vois l’une d’entre elles et à chaque fois, quelque chose de profondément significatif se passe. Nous partageons une conscience de nos existences, une conscience d’une réalité que la majorité semble ignorer ou décider de ne pas voir.
La violence
Nous
Rassemble.
Au milieu de ces savoirs intrinsèques ou découverts, nous échangeons des joies, des bonheurs, des surprises, des apprentissages immenses et nous grandissons les unes à côté des autres. Filles, femmes, êtres féminins, nous reconnaissons l’universalité de nos parcours et la force que nos expériences nous donnent.
Parfois, nous prenons un pas de recul sur le monde et nous le regardons, de nos yeux, de nos regards, de nos visions. Et nos visions, oui, c’est vrai, sont particulières. Elles sont souvent teintées d’un voile rouge, d’une nostalgie de l’enfance bien commune et d’une horloge dans la tête, une course après le temps fuyant la vieillesse comme des folles, ne comprenant souvent pas grand-chose à ce que l’on attend de nous.
Les rôles genrés, nous les connaissons. Tant de femmes de nos familles y ont vécu enfermés dans des boîtes plus ou moins à leurs tailles, certaines en sont sorties, abîmées par le jugement mais libérées, d’autres y sont encore et se débattent à leur manière contre les limites qui leur sont posées, mais qu’elles affrontent, le regard droit et le poing serré.
Mes amies sont des combattantes. Mes amies sont des guerrières d’amour. De nombreuses d’entre elles (et moi y compris) prenons soin d’hommes dans nos vies qui vivent légers, heureux, torturés mais assurés de cette douce présence féminine, qui leur apprend tant de belles choses sur la vie.
Patientes sont mes amies (moi un peu moins). Et je les vois, je vous vois, je nous vois avancer sur nos chemins sinueux, toujours, contrairement à ce que l’on nous fait croire, les chemins des femmes ne sont jamais tout droit. Nos histoires sont riches, elles sont chaotiques, elles sont multiples de rêves, d’idées, de doutes, de larmes, d’orgasmes, de terreurs et d’espoirs. Mais où sont nos histoires ?
Elles sont trop peu nombreuses encore à être racontées. Les œuvres des femmes sont trop peu vues dans les musées, trop peu accrochées dans des cadres ikea, trop peu écoutées dans les casques, trop peu lues comme des héroïnes qu’elles sont aujourd’hui.
Aujourd’hui être femme ne veut plus dire avoir un vagin. Être femme, c’est se savoir femme, comme une fibre vivante au cœur de nous, c’est voir le monde à travers des yeux de femmes. Et ce monde-là, il est beau, il est grouillant de vie et d’amour mais il y a cette haine des femmes qui persiste et chaque jour je me demande pourquoi ! Une haine qui va du plus simple jugement de valeur à l’invisibilisation systématique de ce qui émerge de nous, en passant par un spectre de violence inhumain.
Sans les femmes dans ma vie, je ne sais pas comment je traverserai le monde, je ne saurai pas comment survivre.
Sans les femmes ? Seule au milieu des hommes.
Imaginez vous cette question dans l’autre sens,
Et comprenons pourquoi c’est absurde que l’une moitié de l’humanité vive sous la crainte de la violence de l’autre ?
Personnellement, ça me fout la chair de poule. Et je veux que les choses changent. Et vous ?
Nous, les féministes, ne pourrions pas faire ce travail sans votre soutien alors, en mon nom, je dis merci à toutes les femmes de ma vie (#LesL5), merci à tous les humains aimants et géniaux qui la peuplent et merci à un petit nombre d’hommes que j’aime et qui m’entourent.
PS : J’ai longuement réfléchi à écrire ce texte sous le spectre de ma vision de femme, de peur de vexer des hommes qui seraient intéressés à rejoindre la lutte. Finalement, je ne crois pas que remercier les femmes soit un frein à la solidarité de tous. Il n’est pas question de flatter l’égo de quiconque mais de remercier effectivement celles et ceux qui m’aident, au quotidien. Réalistement, les hommes sont moins nombreux à me soutenir dans ma démarche, mais j’espère que ça changera et que bientôt nous serons tous liés dans ce combat pour des sociétés égalitaires et justes.