Il y a deux ans, le 8 mars 2017, j’écrivais ce texte.
Aujourd’hui, le 8 mars 2019, est un jour de plus dans le long calendrier de la lutte pour le droit des femmes.Pour ma part, cela fait 25 que je suis, que je suis femme et d’aussi loin que je m’en souviennes, ma mère m’a toujours fait remarquer l’existence de ce jour. Je me souviens des bouquets de fleurs de mon père et des petits mots des amis masculins, comme des flatteries contextualisées, faussement gratuites et un peu improbables.
Aujourd’hui, je me sens bien et je me lève en pensant aux femmes, comme presque tous les jours, me demandant quelles seront les nouvelles, les informations encore témoignant des inégalités, des discriminations visibles et invisibles, des malaises de nombreuses femmes et des situations désastreuses dans lesquelles des millions d’entre elles vivent.
Aujourd’hui, comme souvent, je pense aux femmes d’avant nous, je pense à celles qui ne sont plus vivantes et celles qui le restent par leur héritage… Trop peu, trop de notre mémoire collective est consacrée à se souvenir de nos mères, de nos grands-mères et toutes les autres.
Aujourd’hui, je pense aux enfants, aux adolescentes et aux adolescentes qui grandissent dans ce monde de fou comme j’ai grandi se posant mille et questions, attristés et choqués des violences injustes et des disparités de modes de vies dont ils témoignent tous les jours. Aux jeunes femmes cisgenre et transgenre qui évoluent devant les yeux fermés de la majorité, naviguant dans des sociétés qui ne les reconnaissent pas.Aujourd’hui, je pense aux communautés diverses qui se côtoient et qui peinent à s’entendre. Aux femmes racisées dont le discours commence à se faire entendre (quoique solide et présent depuis beaucoup plus de temps que l’on ne le croit) qui tentent avec force et brio de faire entendre une vision intersectionnelle de la lutte. Je pense aux sursauts d’espoir et aux retours violents de la réalité.
Aujourd’hui, je suis mélancolique d’un chemin qui paraît bien plus long que ma vie. Je vois le plafond de verre, qui n’est pas transparent, grisé par les cendres morbides d’un hétéro-patriarcat capitaliste et raciste plus pervers que jamais, immiscé dans toutes les sphères de nos vies.Aujourd’hui je pense aux droits basiques qui manquent à tant de femmes, l’égalité salariale, l’autonomie corporelle, le libre-arbitre décisionnel dans la reproduction, la liberté individuelle, la liberté de mouvement, la libre expression, le choix d’être soi sans entraves et sans jugement qui n’est pas acquis, du tout.
Aujourd’hui, je pense à tous ces 8 mars à venir, et je suis un peu lasse, mais à cette lassitude s’ajoute une réelle vision du futur. Dans cette époque nous vivons, ultra-connectée et dynamisée par une largeur de possibilités de plus en plus grandes pour beaucoup de femmes, je vois grandir les champs d’action, être semées d’un avenir ou les femmes auront une place plus grande, plus belle, leurs sourires plus rayonnants et leurs yeux moins cernées des nuits passées à s’inquiéter de leur légitimité à faire partie du monde, tout simplement.
Aujourd’hui, je vois des femmes autour de moi qui ne baissent pas les bras, je vois des yeux qui s’ouvrent – et d’autres qui se ferment, des paroles se délier et des secrets se révéler. Je vois aussi la colère, la mienne et celles des autres, je la comprend et je lui fait confiance. Les émotions enflammées sont notre carburant, elles nous aident et nous donnent une force inestimable, celle d’un désir de changement, de faire mieux, de ne plus accepter le status quo et de se révéler, difficilement parfois, mais jamais seules.
Femmes et Féministes, humaines, humains engagés pour la paix, merci.
Une réponse sur « Aujourd’hui, 8 mars 2019, un jour de plus. »
Great blog you haave here
J’aimeJ’aime