Il y a quelques jours, je me suis installée dans un atelier pour écrire un texte féministe parlant de mes questionnements face aux inégalités et aux violences qui continuent. Dans l’élan, au bout de quelques minutes, mes sensations sont venues s’immiscer dans la danse et le texte ci-dessous est une digression, phénoménale à vivre et personnelle, mais je crois, j’espère, qu’elle vaut la peine d’être partagée.
La musique tournait derrière moi à fond sur Youtube, un peu de fumée d’herbe dans la tête et beaucoup, beaucoup de choses à dire. Lecture accompagnée, I guess c’est ça que je propose.
Okay now,
Love,
Comment briser le cercle du doute ? s’envoler vers un ailleurs ? être libre ? Avancer. Toucher. Contrer.
Savoir qui je suis ? Aimer sans avoir peur ? comprendre les millions de morts ? ne pas pleurer ? ne pas craquer ? se sortir du cercle vicieux ? ne pas s’en vouloir ? oublier les injustices
Comment puis-je continuer à écrire en sachant que si souvent les mots résonnent faux ou sonnent creux dans des oreilles éconduites déjà tant de fois ? Ou se cache la folie derrière les rideaux ou les portes fermées à clé ? qui es tu pour me juger, qui as-tu volé de son âme quelques minutes mais une vie était la et tu ne l’a pas vu ? Je deviens folle en pensant à cette violence immonde. Qui nous salit malgré tout, éternellement. Voulez vous parler de pureté, incultes humains qui ne connaissez pas vraiment la face cachée de votre racine, votre humanité à vous aussi ? Apprenez je vous en prie à saisir un instant l’immortalité de la douleur face à une joie éphémère, délicieuse, un morceau de vie volé à jamais, que l’on tentera de reconstruire contre vents et marées. Les femmes ont ce pouvoir de se régénérer comme des pistils, mobiles dans l’âme comme dans le corps, nous ne nous arrêterons pas.
Alizée Pichot, le 03 décembre 2018 à Montréal.