Vous n’avez jamais entendu parler de la jouissance parasite ? Moi non plus. J’ai quand même pris la peine de faire une recherche rapide chez mon ami Google pour vérifier que je ne suis pas en train de voler l’idée de quelqu’un, mais tout va bien, je suis libre avec ma jouissance parasite.
L’association de ces deux mots peut paraître un peu cocasse au premier abord, mais c’est la seule qui me permet d’exprimer cette sensation si particulière qui est liée à l’intimité féminine (et masculine peut-être, mais je ne suis pas une spécialiste).
La jouissance parasite, c’est le souvenir de la jouissance en solitaire qui vous hante lorsque vous partagez une intimité sexuelle avec un autre être humain. C’est cette recherche du plaisir maximal si difficile, si frustrante, qu’elle finit par vous bloquer et par nécessairement claquer la porte à la tête de l’orgasme qui pourtant était si près du but. Ce pauvre petit orgasme n’avait par ailleurs rien demandé, il grimpait la côte du plaisir avec ses petites jambes depuis un bon moment quand Monsieur (ou madame) Conscience est venu lui citer ses droits avec son air sévère.
Voyez-vous où je veux en venir ou pas encore ?
La jouissance parasite c’est la première fois que vous y êtes arrivée seule, la première fois que le tsunami du plaisir vous a renversé et que la remontée vous a fait vous sentir comme dans une grosse boule de coton, et que personne n’a été plus étonnée que vous à ce moment-là. Ce tout petit morceau de nervosité est resté ancré dans les archives de votre corps et refait surface parfois, souvent au mauvais moment. Parfois, la jouissance parasite vient vous dire bonjour sous la forme d’une pensée qui n’a rien avoir avec la caresse que vous êtes en train de recevoir. Elle est tout ce qui peut vous retenir de sombrer de l’autre côté, là où le velours de la chair vous enveloppe de sa chaleur feutrée.
La jouissance parasite, c’est précisément ce moment où le plaisir vous échappe pour s’en aller vers d’autres contrées, bien plus lointaines, là où il vous sera difficile de le trouver, à moins de vous acharner à la tâche, jusqu’à mener quelquefois à l’épuisement l’autre humain qui vous accompagne.
Mais alors une question se pose : Pourquoi s’en va-t-elle la jouissance, pourquoi s’arrête-t-elle au milieu de la pente ?
Réfléchissons à la psychologie notre pote jouissance. Admettons qu’elle puisse se personnifier en un petit animal tout mignon, tout chétif et absolument adorable. Il est fort probable que si vous cherchez à prendre à tout prix cette petite boule de poils inoffensive sur vos genoux pour lui faire des papouilles, en lui courant après et en essayant de le débusquer derrière la commode de mamie, peu de chance pour que la bête rende les armes. Au contraire, vous courrez le risque pour que cette dernière se fasse la malle à chaque fois que vous l’approcherez, apeurée et inconsciente de vos bonnes intentions. Le second scénario est bien plus plaisant à mon goût : chacun d’un côté de la pièce, vous apprenez à être patient. Alors, l’objet de vos plus grandes cajoleries, confus vis-à-vis de l’absence de chasse, sera piqué dans sa curiosité. A force de temps, de signaux à appréhender, d’indices divers et variés, vous apprendrez à apprivoiser votre invité, jusqu’à ce que celui-ci vienne vers vous quand vous vous y attendrez le moins.
Le jour où j’ai découvert la jouissance parasite, j’ai aussi découvert la raison pour laquelle elle me parasitait. L’accès à la petite mort est censé être le chapitre ultime du grand livre du coït, le dernier qu’on est censé lire avant de refermer l’ouvrage – parce qu’enfin, ça ne se fait pas de ranger un livre avant de l’avoir terminé tout de même.
Et si je n’avais pas envie de le finir moi ce livre ? Est-ce que ça veut dire que je n’ai pas aimé le chapitre un, le six ou le vingt-sept ? Non, ça signifie seulement que pour cette fois, je ne suis pas plus intéressée que ça par le dernier chapitre ou que mes yeux se ferment de fatigue ou encore peut-être que les mots ne me parlent pas trop aujourd’hui.
Après toutes ces métaphores alambiquées, je finirai par annoncer mon point une bonne fois pour toute : la jouissance menant à l’orgasme n’est pas obligatoire dans le rapport sexuel, ce n’est pas ce qui en fait sa réussite absolue. L’attente impitoyable de celui-ci ne fera que le ralentir dans sa course, et ne parlons même pas de la pression qu’on lui met, forcément qu’il est pas dans sa meilleure forme le pauvre.
Ceci étant dit, les orgasmes c’est trop bien, et si vous en avez, tant mieux pour vous, si la jouissance parasite vous dit bonjour de temps en temps, c’est vraiment pas un drame non plus.
Une réponse sur « La jouissance parasite : orgasme sous couverture »
Loved reading tthis thanks
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